L’exposition établit un dialogue entre trois pratiques artistiques très différentes mais qui comme les rhizommes, plantés dans la terre amenée au centre de la salle principal d’exposition par l'artiste Marcel Meury, se rejoignent et se développent. Les œuvres picturales de Jonathan Delachaux mettent en scène Vassili, l’un des trois personnages imaginaires du peintre qui hantent ses toiles depuis près de 16 ans. Cette figure de plastiline, que l’artiste a fait évoluer au fil du temps, revêt l’apparence d’un jeune homme d’une trentaine d’années. Dans cette nouvelle série, quelque peu grivoise, Vassili a invité ses amies marionnettes pour un buffet de junk food; crise oblige. La série de toiles présentée en exclusivité pour l’exposition confirme le talent de narrateur de Delachaux. Ce banquet ouvre un nouveau chapitre d’une histoire débutée en 1996 et qui ne cesse d’évoluer en relation étroite avec la biographie et l’actualité de son créateur.
Pour l’exposition, le Zurichois Marcel Meury est venu retourner le parc de la place du cirque. Là où se trouvait la terre, un panneau indique les coordonnées GPS de la galerie, où, sur un monticule poussent des topinambours. Plus loin, à la manière d’un diptyque, deux palettes identiques sont accrochées à un mur, sur lequel un grand carré vert a été peint. L’œuvre oscille entre le ready-made et le monochrome, tout en définissant sa propre esthétique. À l’entrée de l’espace, son oeuvre Gum se caractérise par un mur imposant de douze téléviseurs qui diffusent en boucle et en gros plan une bouche mastiquant frénétiquement une insupportable quantité de chewing-gum.
L’artiste franco-suisse Cyril Vandenbeusch présente quant à lui un travail photographique. Reconnu pour ses expériences sensorielles qui lient l’art plastique à la cuisine, l’artiste articule pour l’exposition une réflexion sur le rapport entre l’aliment, son mode de production ou son origine. Des supermarchés aux petits producteurs régionaux, Vandenbeusch est en perpétuelle recherche de produit culinaire, susceptible d’intriguer le spectateur, de le questionner, de le surprendre. Après les avoir préalablement mis en scène, l’artiste photographie les aliments. Il en ressort des clichés parfois marqué d’une pointe d’humour mais surtout d’une réflexion sur la mort et sur la consommation frénétique. Le rapport entre leur esthétique très classique de nature morte et la contemporanéité des produits représentés ne manquent pas d’interpeller. Sa technique de développement intrigue et surprend également. Remontant aux origines de la photographie, l’artiste utilise des techniques alternatives de tirage. A la manière d’un chimiste il manipule nitrate d’argent, citrate de fer ou acide acétique et parvient à donner un aspect unique au multiple photographique.